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La prochaine fois, je viserai le coeur

Un thriller français passionnant avec Guillaume Canet, revenant sur un drame glaçant du tueur fou de l'Oise...


 Ceci n’est pas un film romantique

“Une jeune fille de 17 ans qui déambule provoquant la nuit est une cible que j’affectionne, elle n’aurait pas dû rentrer seule. Je suis un tueur et en tant que tel je vais tuer, la prochaine fois, je viserai le coeur”.

Si ces mots vous disent quelque chose, c’est que vous avez sûrement entendu parlé de l’affaire “Du tueur fou de l’Oise”. L’histoire glaçante d’Alain Lamare, un gendarme gentil, poli, courtois et professionnel auprès de ses collègues. Mais sous ses airs timides et réservés se cache en réalité un tueur en série qui s’en prend à des jeunes femmes qui ont la malchance de croiser son chemin. Une affaire ayant glacé le sang de la France entière durant l’année 1978, de par la violence des faits, mais aussi de son insoupçonnable coupable…

C’est à partir de ce sombre fait d’hiver que Cedric Anger va réaliser le long-métrage “La prochaine fois, je viserai le coeur”, avec en premier rôle Guillaume Canet incarnant le tueur.

Un Thriller à la française 


 Je vous le dis tout de suite, ce film n’est pas facile à regarder, autant dans le fond que dans la forme. L’image est froide, l’ambiance est lugubre, les plans sont longs et sont souvent tournés en plan-séquence ce qui donne une certaine lenteur au film. On peut même se dire “qu’il ne se passe rien”, “que c’est ennuyeux” mais accrochez-vous ! Ne quittez pas des yeux ce thriller psychologique vous montrant la démence et les conflits internes d’Alain Lamare renommé Franck dans le film…À mon humble avis, le but premier d’un réalisateur est de communiquer avec ses spectateurs, il doit les emmener dans son récit en leur faisant passer des émotions à travers sa caméra. Ici, Cedric Angers veut nous emmène dans les campagnes froides et brumeuses du Nord-Pas-de-Calais, une tension, un doute et un stress permanent nous tient en haleine jusqu’au bout en abordant tout le prisme de personnalité de son protagoniste. Une réalisation sobre et léchée qui ne tombe pas dans le piège du sensationnalisme avec une mise en scène soignée et adéquat au propos du film.

Le film se passe sous le point de vue de notre personnage principal, si vous vous attendiez à une enquête policière trépidante et pleine de suspense menée par des policiers, penchez-vous plutôt vers les films de David Fincher. MAIS si vous aimez les films psychologiques qui essayent de décortiquer l’esprit des plus grands criminels, vous avez frappé à la bonne porte. Après tout, un gendarme qui enquête sur ses propres meurtres en jurant de retrouver la personne qui a commis ces crimes et de lui faire payer est plutôt cocasse…

Mention spéciale à M. Canet 

 

 Évidemment, ce film est un thriller, la violence physique et psychologique sont présentes. Le réalisateur n’hésitera pas à mettre en scène les meurtres de manière crue et franche. Ces derniers sont sous tension psychologique et nous sentons le côté “J’essaye de me contenir de la tuer, mais je n’y arrive pas”. Malheureusement, ces pulsions les plus sombres ne sont pas contenues et il finit par commettre l’inévitable… Après tout, c’est un tueur et en tant que tel il va tuer.

Là ou nous voyons la dualité psychologique dans laquelle se trouve le personnage, bien qu’il soit conscient de ses actes jusqu’à écrire des lettres à la gendarmerie (donc à ses propres collègues), ce dernier s’auto flagelle pour se “purifier”. Des scènes d’automutilation sont donc montrées de manière dure et explicite. cela peut aller du bain d’eau glacée à s’enrouler un fil barbelé autour du bras… Comme si deux sentiments étaient en lui, la cruauté et la haine sont confrontées à la culpabilité d’être ce qu’il est. Un homme perdu, qui ne sait pas où il en est.

Mais ne vous inquiétez pas, à travers toutes ces affreuses histoires de meurtres et d’auto-mutilations, une histoire d’amour est racontée. Et oui, notre cher Franck va tomber amoureux de Sophie, la jolie demoiselle qui vient faire son linge. Elle est très amoureuse de lui c’est certain, et lui aussi… Enfin… On ne sait pas… Est-ce que Franck lui-même le sait ? On ne dirait pas…Et finalement est-il vraiment attiré par les femmes ? Ça n’a pas l’air très clair dans sa tête…. Décidément, la vie de notre protagoniste n’est qu’un épais nuage de brume.

Si pour vous Guillaume Canet n’est que “Le mec qui a réalisé Asterix” ou “le gars en couple avec Marion Cotillard”, ce film va vous montrer tous ses talents de comédien. Incarner un tueur en série n’est pas donné à tout le monde : pour jouer un rôle, les acteurs doivent comprendre leur personnage et rentrer dans leur tête. Ici, Canet doit comprendre la psychologie d’un homme souffrant d’une forme de schizophrénie rare, même très rare. Un challenge de taille donc… et pourtant si bien relevé par l’acteur qui brille dans ce rôle si particulier… Son regard est vide, son visage inexpressif, sa voix est agressive et nerveuse. On y voit un homme torturé, perdu parfois même touchant, mais paradoxalement conscient de ses actes. Une double personnalité qui fait éco à la schizophrénie d’Alain Lamare. Un jeu juste sans être vulgaire ni dans le too-much qui lui a permis d’être nommé aux Césars dans la catégorie “Meilleur acteur”.



 Conclusion

Comme vous vous doutez, Franck a fini par se faire arrêter. Vous souvenez-vous des lettres qu’il a envoyées à la police ? C’est ça qui l’a trahi. Le style d’écriture d’un gendarme est facile à reconnaître… surtout quand c’est adressé aux forces de l’ordre. Puis c’est tout de même étrange, à chaque fois qu’un meurtre se produisait Franck était en congés…. Après une perquisition et des aveux, il va enfin payer pour l’atrocité de ses actes. Mais comme je vous l’ai dit, notre tueur souffre d’une forme de schizophrénie rare. Il a donc été jugé irresponsable de ses actes et n’a pas été condamné. Au moment où vous lisez ces lignes Franck, ou plutôt Alain Lamare, est dans une unité fermée d'un établissement public de santé mentale dans sa région natale : le Nord-Pas-de-Calais.

Article écrit par Jade HELIN ©

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